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Guinée/Dar-Es-Salam II: Les militants de l’opposition dans le collimateur du pouvoir Condé

De plus en plus récurrentes et violentes, les manifestations politiques continuent d’endeuiller les populations, dans les bastions
de l’opposition guinéenne, conduite par l’UFDG de Cellou Dalein Diallo (chef de file).

En effet, les opposants au régime ont opté pour la rue, afin de réclamer les résultats des élections communales du 4 février 2018, qui se font attendre six mois après leur organisation.

Six mois pour proclamer des résultats ! Du jamais vu dans une démocratie qui se respecte. Le pouvoir, après sa débâcle électorale, a
simplement décidé de ranger ces résultats dans le tiroir. En toute impunité. Pour l’opposition, qui estime avoir gagné les communales
très largement, il n’est pas question de céder à la résignation et à cette tentative de confiscation de sa large victoire. D’où le
bras-de-fer engagé, avec à la clé, les manifestations de rue quasi-quotidiennes et de nombreux morts et blessés unanimement
déplorés par les observateurs indépendants et les organisations de défense des droits humains.

Chasse à l’homme

De nos jours, nulle n’est à l’abri d’une interpellation policière en Guinée. Le pouvoir d’Alpha Condé, de plus en plus répressif, est déterminé à coffrer les dirigeants, militants et sympathisants jugés plus tenaces et intraitables. En voulant liquider ou arrêter les meneurs dans les quartiers, le pouvoir moribond veut tout simplement tuer le mouvement de contestation dans l’œuf, dès lors que les leaders de l’opposition sont placés en quarantaine selon le calendrier de ces manifestations.

Avec l’appui des chefs de quartier, le régime Condé s’est engagé dans une véritable « chasse à la courre », contre les jeunes militants de
l’opposition, supposés être les meneurs des marches contre la confiscation des résultats des municipales mais aussi le projet de 3ème mandat qui se profile dans les allées du pouvoir.

Aujourd’hui, les quartiers de Wanindara, de Dar-es-Salam, Kosa, Sonfonia, voire la Cimenterie – que le gouvernement Condé a surnommé
Axe du Mal – sont invivables, au regard de la présence militaire et policière. Les arrestations arbitraires, les bavures, les pillages et les viols sont tout autant permis qu’il s’agisse de « zones de danger et de rébellion », selon les termes de Amadou Damaro Camara, un des
gourous du RPG arc-en-ciel (parti au pouvoir). « Dans ces zones, il faut plutôt aller avec des armes de guerre et non des matraques »,
vient-il de le dire dans l’émission de grande écoute Les Grandes Gueules d’Espace FM.

À Dar-Es-Salam, a-t-on appris de source policière, le chef de quartier n’est pas allé de main morte pour mettre à exécution le plan diabolique du pouvoir, qui est celui de mettre aux arrêts la jeunesse de l’UFDG, principale formation politique de l’opposition.

Celui-ci a déjà transmis à la Police et à la Gendarmerie une liste censée être exhaustive de « 70 militants qui troublent à l’ordre publique ». Une liste qui circule dans les milieux politiques locaux et dans toutes les familles proches de l’opposition, où l’inquiétude est grandissante. En tête de liste, on y voit, notamment, les noms de Karim Baldé, Amadou Telly Diallo, Ousmane Sy et Saikou Oumar Diallo.
Chaque nom est accompagné d’une photo de l’individu concerné.

Contacté par notre rédaction, un proche du conseil de quartier de Dar-Es-Salam soutient que ces 70 personnes sont dans le collimateur du
pouvoir pour avoir porté le treillis (tenue militaire) au cours des manifestations. « Ce sont des gens qui tirent sur les manifestants et
par la suite, l’opposition accuse le pouvoir de bavure », insiste cet homme qui requiert l’anonymat.

Pour El-hadji Mamady Kaba, chef de quartier de Dar-Es-Salam II, que notre reporter a rencontré, il n’y a l’ombre d’aucun doute : « ce
jeune homme que vous voyez sur cette photo, vêtu en tenue militaire, s’infiltre souvent dans les manifestations politiques et commet des
crimes et on accuse les forces de l’ordre d’avoir tiré sur les gens. Ce jeune homme n’est autre qu’Amadou Telly Diallo. C’est juste un exemple que je vous donne puisqu’il n’est pas le seul dans ce cas », martèle-t-il en montrant une image.

« Les 70 personnes dont on parle ont chacun, à des degrés différents, une part de responsabilité qui est la sienne dans les manifestations
meurtrières qui endeuillent la commune de Ratoma », ajoute-t-il.

Abus de pouvoir

La Gendarmerie et la Police tentent, chacune de son côté, de mettre le grappin sur les 70 personnes ci-listées. Les agents des forces de
l’ordre ont déjà rendu visite à certaines familles. A Dar-Es-Salam, on craint les abus de pouvoir, à l’image du drame survenu il y a quelques jours dans la famille d’Amadou Telly Diallo, que les bidasses projetaient d’arrêter. Ce dernier étant absent, ils se sont rués sur
son cousin et compagnon de chambre, qu’ils rouèrent de coups jusqu’à l’agonie.

Au lieu de l’envoyer à l’hôpital, les agents l’ont plutôt conduit vers une destination inconnue. Aux dernières nouvelles, il avait été largué
au Peloton Mobile de Gendarmerie de Hamdallaye où il a succombé à la bastonnade. Depuis, les bruits qui courent dans cette localité
incitent la plupart des habitants de ce quartier à aller ailleurs afin de préserver leur vie. Quant aux 70 personnes visées par le pouvoir,
leurs têtes sont mises à prix…

Marcel Loua

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