Une concertation organisée par la junte au pouvoir au Mali et boycottée par l’opposition a recommandé mardi de nommer le général Assimi Goïta président dès cette année pour un mandat de cinq ans renouvelable. Elle préconise par ailleurs de « dissoudre tous les partis politiques » et d’en « durcir les conditions de création ».
À l’issue d’une concertation nationale de deux jours à Bamako boycottée par la plupart des formations politiques du Mali, il a été proposé de nommer le chef de la junte au pouvoir Assimi Goïta « président de la République pour un mandat de cinq ans à partir de 2025, renouvelable », selon un document publié par la primature.
Cette concertation recommande aussi de « dissoudre tous les partis politiques » et d’en « durcir les conditions de création ». Elle préconise également de « suspendre toutes les questions électorales » jusqu’à la « pacification » du pays. Ces recommandations seront remises au général Assimi Goïta, qui devra les adopter.
La concertation devait servir à « la mise en œuvre » des recommandations politiques des assises nationales organisées fin 2022 pour « construire une solution de sortie de crise ».
Ce pays sahélien est dirigé par une junte depuis un double coup d’État en 2020 et 2021. Les militaires au pouvoir ont manqué à leur engagement de remettre le pouvoir aux civils fin mars 2024.
Le Mali est confronté depuis 2012 à une grave crise sécuritaire, nourrie par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique (EI) et de bandes criminelles communautaires.
« Une faute historique »
Lors d’une rare prise de position publique samedi à Bamako, une centaine de partis politiques avaient accusé la junte de vouloir leur dissolution comme au Niger et au Burkina voisins, également dirigés par des régimes militaires. Ce rassemblement sous haute surveillance policière a revêtu un caractère exceptionnel dans un contexte de répression de toute voix discordante.
« Supprimer le multipartisme serait non seulement une erreur politique, mais une faute historique », a réagi mardi soir Mohamed Salia Touré, ancien ministre et opposant. « Toute décision qui va à l’encontre de la démocratie n’est pas une voie de salut, mais un dangereux égarement », a-t-il poursuivi.
Avec le Burkina Faso et le Niger, dirigés par des juntes arrivées au pouvoir en 2022 et 2023, le Mali a tourné le dos à ses anciens partenaires occidentaux pour former une confédération, l’Alliance des États du Sahel (AES).
Au Niger voisin, des « assises nationales » ont également proposé début mars le maintien de la junte au pouvoir pendant cinq ans et la dissolution des partis. Au Burkina Faso, les activités de toutes les organisations de la société civile et des partis politiques ont été suspendues.
Avec AFP