Le bilan des inondations ayant touché le centre du Nigeria est passé à au moins 150 morts après la découverte de nouveaux corps, a déclaré samedi un responsable des services d’urgence. Selon les médias locaux, des milliers de personnes ont été déplacées, et plus de 50 élèves inscrits dans une école coranique sont également portés disparus.
Au moins 150 personnes ont péri dans les récentes inondations qui ont touché le centre du Nigeria, selon ce qu’ont indiqué samedi 31 mai les services d’urgence, qui redoutent que le bilan des victimes ne s’alourdisse encore. L’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA) a qualifié ces inondations de « sans précédent ».
Le précédent bilan établi samedi faisait état de 115 morts.
« Nous avons déjà récupéré 115 corps et d’autres devraient l’être encore, car la crue est venue de loin et a emporté des personnes dans le fleuve Niger. En aval, d’autres corps continuent d’être retrouvés », avait déclaré à l’AFP Ibrahim Audu Husseini, un porte-parole de l’Agence de gestion des urgences (SEMA).
Selon Gideon Adamu, un responsable de la Croix-Rouge dans l’État du Niger, « 78 personnes blessées ont été prises en charge dans les hôpitaux de Mokwa ».
Selon les médias locaux, des milliers de personnes ont été déplacées, et plus de 50 élèves inscrits dans une école coranique sont également portés disparus, d’après le journal Daily Trust.
« Certains corps ont été extraits des décombres des maisons effondrées. Nous avons besoin d’une pelleteuse pour dégager davantage de corps encore ensevelis sous les gravats », a ajouté Ibrahim Audu Husseini.
« Des familles se manifestent pour signaler que leurs proches n’ont pas été retrouvés. Il y a une famille de 12 personnes dont seulement quatre membres ont été localisés, huit restent introuvables », a-t-il dit.
Sur le terrain, des équipes de sauveteurs poursuivent leurs efforts pour tenter de retrouver des personnes disparues après les pluies torrentielles qui ont emporté mercredi soir des dizaines de maisons dans la ville de Mokwa, provoquant de nombreuses noyades. La police et l’armée ont été mobilisées pour prêter main-forte lors des opérations de secours.
Des habitants fouillent également les décombres de bâtiments dans l’espoir de retrouver des proches portés disparus depuis mercredi soir, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Nous avons tout perdu »
À proximité, des enfants déplacés par les intempéries jouent brièvement à côté d’eaux boueuses. Au même moment, deux corps au sol sont recouverts d’un tissu imprimé et de feuilles de bananier. Une femme en pleurs, portant un foulard bordeaux, s’assoit non loin de là.
« Nous avons perdu au moins 15 personnes rien que dans cette maison. La propriété est détruite. Nous avons tout perdu », déclare Mohammed Tanko, un fonctionnaire âgé de 29 ans, en pointant la maison de son enfance.
Danjuma Shaba, un pêcheur de 35 ans, confie avoir passé la nuit dehors, dans un parking. « Je n’ai plus de toit. Ma maison s’est effondrée. »
Sabuwar Bala, 50 ans, vendeuse d’ignames, raconte avoir échappé de justesse à la noyade. « Je ne portais que mes sous-vêtements. Tous les vêtements que j’ai sur moi aujourd’hui m’ont été prêtés. Je n’ai même pas pu sauver mes sandales », explique-t-elle.
Pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigeria, est régulièrement touché par des inondations lors de la saison des pluies, qui s’étend de mai à septembre.
Drainage inadéquat, zones inondables
Les inondations, généralement causées par de fortes pluies et des infrastructures insuffisantes et en mauvais état, font des ravages, tuant des centaines de personnes chaque année. Le changement climatique alimente également des phénomènes météorologiques plus extrêmes, selon les scientifiques.
Au Nigeria, les inondations sont aggravées par un drainage inadéquat, la construction de maisons dans des zones inondables et le dépôt de déchets dans les circuits d’assainissement.
En 2024, plus de 1 200 personnes ont été tuées et 1,2 million déplacées dans au moins 31 des 36 États du Nigeria, lors de l’une des pires inondations du pays depuis des décennies, selon la SEMA.
En 2022, plus de 500 personnes sont mortes et 1,4 million ont été déplacées lors d’inondations.
Face à la recrudescence des inondations, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a appelé l’année dernière à un renforcement des moyens alloués aux secours et demandé la mise en place d’alertes « pour atténuer l’impact des catastrophes environnementales ».
De leur côté, les services de secours insistent sur la nécessité d’un soutien accru de l’État pour faire face à l’ampleur des dégâts et limiter les pertes humaines.
Avec AFP