La capitale guinéenne a accueilli ce mardi 24 juin 2025 le colloque international consacré à la mobilisation des ressources minières au service du développement local.
Cette rencontre de deux (2) jours se tient en marge de l’assemblée générale du Réseau des Institutions Africaines de Financement des Collectivités (RIAFCO), avec la participation de plus de 200 délégués venus de 15 pays africains.
Initiée par l’Agence Nationale de Financement des Collectivités (ANAFIC), en collaboration avec le RIAFCO, cette rencontre vise à offrir un cadre de réflexion et d’action autour d’une problématique stratégique : comment faire des richesses minières un levier efficace pour une croissance locale inclusive et durable.
Placée sous le thème « Comment mobiliser les ressources minières au service d’un développement local inclusif, durable et équitable ? », la rencontre entend répondre à un paradoxe bien connu du continent africain : des ressources naturelles abondantes coexistent avec une pauvreté persistante dans les zones d’exploitation.
Au menu de ces deux journées : des panels de haut niveau, des ateliers sur la gouvernance, l’économie verte et l’inclusion sociale, ainsi que des travaux autour des textes fondamentaux du RIAFCO, dont l’élection d’un nouveau bureau exécutif.
Ouvrant les travaux, le ministre guinéen de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, le général à la retraite Ibrahima Kalil Condé, a souligné l’urgence de revoir les mécanismes de gouvernance minière. « Notre pays regorge de ressources comme la bauxite et le fer, mais cela ne se reflète pas encore dans les conditions de vie locales. Il est temps de renforcer les instruments comme le FODEL et le FNDR pour permettre aux collectivités de jouer pleinement leur rôle », a-t-il déclaré.
Il a insisté sur la nécessité d’un cadre clair de transparence et de redevabilité, rappelant que la réussite passe par des collectivités bien dotées en compétences et en moyens financiers.
Le président du RIAFCO, Fidèle A. Yapi, a salué l’organisation de ce colloque à Conakry, soulignant qu’il s’inscrit dans la continuité des précédentes éditions tenues à Bamako, Abidjan, Rabat, Antananarivo et Yaoundé. Il a présenté les trois axes du plan stratégique du réseau : renforcement des capacités, échanges d’expériences entre pairs et plaidoyer auprès des institutions internationales.
Avec plus de 6 000 collectivités accompagnées et 1 500 agents impliqués dans les IFCL (Institutions de financement des collectivités locales), le RIAFCO s’impose comme un acteur clé de la décentralisation en Afrique.
Le ministre guinéen des Mines et de la Géologie, Bouna Sylla, a, pour sa part, plaidé pour une nouvelle approche de la gestion minière. « Ce n’est pas seulement une question de finances, mais de transformation de la richesse du sous-sol en bien-être pour les populations. Regardons ce que des pays comme l’Arabie saoudite ont fait avec le pétrole : nous pouvons faire de même avec nos mines », a-t-il lancé.
Projet phare du secteur minier guinéen, le gisement de Simandou cristallise les espoirs. Le directeur général de l’ANAFIC, Sékou Mawa Touré, a affirmé que cette initiative pourrait devenir un modèle de redistribution équitable et de développement local. « Si nous assurons une gestion responsable et transparente des revenus issus de Simandou, nous pourrons en faire un moteur du développement durable pour les générations futures », a-t-il assuré.
Ce colloque ne se limite pas à des échanges techniques : il reflète une volonté croissante de bâtir un modèle africain de décentralisation reposant sur la justice sociale, l’innovation financière et la gouvernance partagée.
Ibrahima Limbita Camara pour GuineeQuotidien