Les travaux de la première session ordinaire de la neuvième législature de l’Assemblée nationale ont démarré ce lundi, 5 octobre 2020 à l’hémicycle en présence du Président du Parlement de la CEDEAO et plusieurs autres honorables députés venus du Niger, Sénégal, Cap Vert, Sierra Leone et Tunisie.
Dans son discours d’ouverture, le président de l’Assemblée nationale, Honorable Amadou Damaro Camara s’est réjoui de la présence de Monsieur le Président du Parlement de la CEDEAO qui, est une preuve, s’il en était nécessaire, pour ne pas en douter, de la viabilité du précieux outil communautaire d’intégration qu’est la CEDEAO.
« Oui le Peuple guinéen reste attaché à sa volonté d’établir des relations libres, d’amitié et de coopération avec tous les peuples du Monde et plus particulièrement à œuvrer pour la cause de l’unité africaine, de l’intégration sous régionale et régionale du Continent. Au moment où nous procédons à l’ouverture de cette première session, notre Pays, à l’instar du monde entier fait face aux effets néfastes de la pandémie dite de la Covid-19. Du haut de cette tribune, je voudrais, au nom de la Représentation nationale et en mon nom propre, présenter également mes sincères condoléances à toutes ces familles endeuillées par la Covid-19 en Guinée et ailleurs, et leur exprimer nos profonds sentiments de compassion et de solidarité. Je voudrais également appeler le Gouvernement à continuer à œuvrer pour le strict respect des mesures barrières, dans la discipline et dans la fermeté, car la pandémie reste encore d’actualité ».
« Ce n’est point une répétition que de rappeler que cette session s’ouvre dans un contexte qu’on peut qualifier à la fois de spécial et même d’exceptionnel, dominé par l’élection présidentielle du 18 octobre prochain. En tant que représentation nationale, nous ne pouvons pas rester indifférents à cette situation sociopolitique. Les tensions que ces élections créent, sont inquiétantes et leur persistance pourrait mettre à mal l’unité nationale et la cohésion sociale » souligne-t-il.
Poursuivant, Honorable Damaro Camara a fait savoir que dans une démocratie, les acteurs politiques ont le droit d’avoir différentes façons d’apprécier ce qu’est l’intérêt général, mais dans un débat d’idées et de manière civilisée.
« Quant à nous, nous pensons et croyons de manière viscérale que pour défendre et servir la Guinée, nous devrions mettre l’intérêt de cette nation au-dessus de nos propres ambitions. Je ne cesserai de rappeler à la classe politique de nous inspirer de l’exemple de ceux-là qui, sans moyens, sans grands diplômes, ont su et pu éveiller la conscience de ce peuple pour l’amener à l’indépendance, il y a 62 ans, sans tirer un seul coup de feu. Ces Pères de notre indépendance étaient des instituteurs, des instituteurs adjoints, des moniteurs, des agents de tri-pano, des agents des PTT, j’en passe… »
« Les seuls outils dont ils disposaient étaient leur engagement patriotique pour la nation et la cohésion inter-ethnique qu’ils ont réussi à préserver ; quelle belle période ! Quand le Toma de Macenta, Lansana Béavogui était le Maire de Kissidougou (Kissi et malinké), Sékou Touré de Faranah dans le Sankaran qui s’est fait élire à son premier poste électif à Beyla au Konia avant d’être Maire de Conakry (Baga). Loua Fassou René, le Guerzé, n’a-t-il pas été l’élu permanent de Kérouané, entièrement Malinké ? Toumany Sangaré de Wassoulou Kankan, n’était-il pas l’Homme politique le plus populaire de Guéckédou kissien ? Avonsnous oublié déjà que Koita de Dalaba était le Fédéral du PDG de Beyla ? Barry Diawadou le Peul était l’associé de Fodé Mamoudou Touré le Soussou, pour faire de Forécariah et Kankan leurs fiefs » ajoute-t-il.
Parlant de la paix, le président l’Assemblée nationale demande plus de retenue aux acteurs politiques dans les déclarations qui visent à diviser et à mettre dos à dos les différentes communautés.
« Les discours de haine, d’appel à la violence sont intolérables. J’exhorte à la lucidité et à la responsabilité des uns et des autres pour préserver la paix et la quiétude sociale en Guinée. La rhétorique politique peut être aussi dangereuse pour les masses que des armes de destruction massive. J’appelle le peuple guinéen à rester sourd à l’irrédentisme ethnique, à la division, au régionalisme et autres appartenances claniques, car la Guinée doit rester une et indivisible ».
« La classe politique aujourd’hui doit être à tous égards la référence de bonne conduite et de source d’inspiration non seulement pour les jeunes mais également pour les générations futures. C’est pourquoi, à l’approche des échéances électorales du 18 octobre 2020, je fais appel à chaque Guinéen de non seulement participer aux élections, mais également de promouvoir la tolérance, les valeurs de démocratie, de loyauté et de respect, de l’honneur et de l’opinion des autres. Aux partis politiques, je les exhorte à un esprit républicain et citoyen. Ils doivent également respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie, l’intégrité du territoire et l’ordre public ».
Décrypté par Ibrahima Limbita Camara