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FILE PHOTO: A combination photo shows U.S. President Donald Trump (L) in the House of Representatives in Washington, U.S., on February 28, 2017 and FBI Director James Comey in Washington U.S. on July 7, 2016. REUTERS/Jim Lo Scalzo/Pool, Gary Cameron/File Photo

États-Unis: l’ancien directeur du FBI James Comey, bête noire de Trump, inculpé «d’infractions graves»

L’une des bêtes noires de Donald Trump, l’ancien directeur du FBI James Comey, a été inculpé jeudi 25 septembre notamment pour entrave à la justice. Une décision immédiatement saluée par le président américain, dont les pressions visant ses adversaires politiques commencent à porter leurs fruits.

« Aujourd’hui, un grand jury fédéral (une commission de citoyens investie aux États-Unis de pouvoirs d’enquête) a inculpé l’ancien directeur du FBI, James Comey, d’infractions graves liées à la divulgation d’informations sensibles », a annoncé le ministère de la Justice dans un communiqué.

L’ancien chef de la police fédérale, âge de 64 ans, est poursuivi pour fausse déclaration et entrave à la justice « en relation avec son témoignage oral devant la commission judiciaire du Sénat américain » en 2020, selon le ministère, précisant qu’il encourait jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. James Comey était alors interrogé dans le cadre de l’enquête du FBI sur les liens supposés entre la Russie et la première campagne présidentielle de Donald Trump, en 2016.

« Je n’ai pas peur »

L’ancien chef du FBI James Comey a réagi sur les réseaux sociaux après son inculpation. Il a assimilé le président américain à un tyran qui gouverne par la peur. « Ma famille et moi-même savons depuis des années que s’opposer à Donald Trump a un coût. Mais nous ne nous sommes jamais imaginés vivre autrement : nous ne vivrons pas à genoux. Et vous ne devriez pas non plus. Quelqu’un que j’aime beaucoup m’a dit récemment que la peur est l’arme des tyrans, et elle a raison. »

« JUSTICE EN AMÉRIQUE ! », s’est pour sa part félicité Donald Trump sur son réseau Truth Social, en décrivant l’ancien chef de la police fédérale, âgé de 64 ans, comme « l’un des pires êtres humains que ce pays ait connu ». Depuis le retour au pouvoir en janvier de Donald Trump, après une campagne où il avait juré de se venger de ses adversaires politiques, les autorités américaines ont lancé plusieurs procédures contre des personnalités considérées comme hostiles au républicain ou impliquées dans ses déboires judiciaires, dont James Comey et l’ancien directeur de la CIA John Brennan.

Le président américain avait mis la pression ce week-end sur le ministère de la Justice pour qu’il poursuive plus rapidement ceux qui lui ont mis des bâtons dans les roues, accroissant les craintes de l’opposition démocrate sur un risque de remise en cause de la séparation des pouvoirs.

En juillet, le dirigeant républicain avait déjà suggéré que James Comey, comme John Brennan, pourrait devoir rendre des comptes. « Ce sont deux personnes très malhonnêtes. Je pense que ce sont des crapules finies et peut-être qu’ils devront en payer le prix », avait assuré Donald Trump, en réponse à une question d’un journaliste à la Maison Blanche qui lui demandait s’il souhaitait voir les deux hommes derrière les barreaux.

James Comey visé deux fois

Lors de son premier mandat, le président républicain avait brutalement limogé James Comey en 2017 alors que le FBI enquêtait sur d’éventuelles ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016. L’enquête avait alors été confiée au procureur spécial Robert Mueller, son prédécesseur à la tête du FBI. Dans son rapport en 2019, ce dernier avait conclu à l’insuffisance de preuves de collusion entre Moscou et l’équipe de Donald Trump, mais avait relevé une série de pressions troublantes exercées par le président sur son enquête.

Alors que ses opposants l’accusent de dérive autoritaire, Donald Trump n’a pas caché le week-end dernier son impatience face aux atermoiements dans d’éventuelles poursuites contre deux de ses adversaires politiques, le sénateur californien Adam Schiff et la procureure générale de l’État de New York Letitia James, membres du Parti démocrate. Ils sont accusés par le responsable de l’Agence de financement du logement Bill Pulte, un proche de Donald Trump, de falsification de documents concernant des demandes de prêts immobiliers.

La semaine dernière, le procureur fédéral Erik Siebert avait démissionné quelques heures après que Donald Trump eut publiquement réclamé son départ. Selon la presse américaine, Erik Siebert avait refusé, faute de preuves suffisantes, d’engager des poursuites contre Letitia James, mais aussi James Comey. Depuis, Donald Trump a nommé Lindsey Halligan, une conseillère de la Maison Blanche, en remplacement d’Erik Siebert, estimant que la ministre de la Justice Pam Bondi avait « besoin d’un procureur dur » à ses côtés « pour faire bouger les choses ».

Qui est James Comey ?

Son CV, c’est avant tout celui d’un juriste : procureur de carrière, patron des services judiciaires de New York, où il a mené l’accusation dans des dossiers de terrorisme ou de criminalité organisée. En 2003, c’est le président républicain Georges W. Bush qui le nomme procureur général adjoint, autrement dit, n°2 du ministère de la Justice. Il supervise des procès sensibles pendant deux ans avant de rejoindre le secteur privé. Jusqu’à ce que Barack Obama vienne le chercher pour prendre la tête du FBI, précise notre correspondant à Washington, Vincent Souriau.

Sa réputation : celle d’un franc-tireur apolitique, capable d’enquêter n’importe quand sur n’importe qui, et il l’a prouvé. En 2016, à dix jours du scrutin présidentiel, il rouvre le dossier des emails privés d’Hillary Clinton et provoque sa chute dans les sondages. « Sans James Comey, dit-elle, j’aurais gagné l’élection ». Alors, pourquoi Donald Trump lui en veut-il tellement ? Il n’a jamais digéré l’enquête du FBI sur ses liens avec la Russie. Le président américain n’a pas été inquiété dans ce dossier, mais il a congédié James Comey en 2017 et le décrit depuis comme la personne la moins compétente que la Terre ait jamais portée.

Avec RFI

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