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Guinée/mariage forcé : Safiatou Diakhaby toujours introuvable

Son aventure remonte au dernier trimestre de l’année 2017, date à laquelle ses parents ont trouvé la mort dans un accident de la circulation. L’on se rappelle, ce mercredi 29 novembre 2017, un accident mortel s’était produit sur la route nationale N°3 Conakry-Dubréka. Le véhicule quittait la ville de Conakry pour la préfecture de Boké, précisément dans le district de Kareki, une localité située au Nord-ouest de la Guinée. Le conducteur s’était heurté à un camion chargé de sable mais en panne. Les passagers au nombre de six y compris le conducteur ont trouvé la mort. Les victimes étaient toutes d’une même famille : Diakhaby. Ils étaient en partance pour une cérémonie.

Les parents des victimes ont pu identifier les corps de leurs proches que le lendemain à la morgue de l’hôpital préfectoral de Dubréka centre. Après les toilettes funèbres, ils ont été inhumés. Ledit camion mal stationné a été du coup vandalisé et incendié par les jeunes très remonté contre ledit drame.

Il convient de rappeler que malgré la récurrence des accidents de la circulation routière dans cette localité du pays, aucune disposition n’est prise par la sécurité routière, afin de minimiser les accidents.

Le malheur ne venant pas tout seul, a-t-on coutume de dire. Dame Safiatou Diakhaby dont les parents étaient parmi les victimes, va se voir contraindre le mercredi 22 août 2018, au lendemain de la fête de l’Aïd el-kebir par ses oncles paternels à épouser un homme qui avait déjà deux femmes à la maison. Pour rappel cette fête est une occasion pour la plupart des fidèles musulmanes de s’y rendre au village natal pour fêter avec les siens.

Pourtant, a-t-on appris, cette fille qu’on voulait donner à cet homme avait déjà conçue deux enfants pour un étudiant avec qui elle aurait déjà fait le mariage religieux. Nonobstant, cette alliance, ses oncles profitant le vide laissé par son père biologique obligera la jeune dame. Difficile a digéré, dit-on, pour elle. Ledit homme serait âgé de son père défunt de loin. Selon toujours notre interlocuteur, dans un premier temps, Safiatou déclina le choix de ses oncles, mais la bastonnade et des injures proférées à son encontre, l’ont finalement fait résigner sans pour autant abdiquer.

Deuxième semaine plus tard, la venue de la petite sœur de sa maman de Conakry a été pour elle une sorte d’ange Gabriel. Très abattue, elle expliqua à huis clos les supplices qu’elle a subi, cette dernière l’a promet de contribuer à ce qu’elle quitte discrètement le village.

En début du mois d’octobre 2018, sa tante parvienne à la faire quitter le village avec ses deux enfants pour la ville de Conakry. Mais cette fois-ci au lieu qu’elle soit au domicile de son papa, elle resta chez la dame qui l’a aidé à fuir. De peur d’être repérée par ses oncles ou ses coussins, elle se méfia de se rendre aux lieux qu’elle fréquentait de par le passé.

Informer de la situation vers la fin du mois d’octobre, notre rédaction tente de recouper l’information auprès de l’amie de Safiatou à qui elle aurait confié ses deux enfants nuitamment. Mariama Souaré de faire savoir que sa copine lui aurait prié de garder ses deux enfants et qu’elle arrivait dans sous peu de temps, mais depuis elle ne la plus revenue.

Il faut reconnaître qu’en Guinée le mariage forcé est très récurrent, l’un des derniers cas en date, remonte l’année dernière : le vendredi 21 avril 2017, les habitants du district de Samory II, relevant de la sous-préfecture Yalakoro, préfecture de Mandiana ont été stupéfaits de retrouver Maïmouna Traoré suspendue dans un arbre. La fillette d’une dizaine d’années a été obligée d’être la deuxième épouse d’un jeune homme du même village.

Pour avoir une idée sur le phénomène de mariage forcé, nous avons approchés l’Association nationale des assistants sociaux, (ANAS-Guinée). A en croire, Mme Fatou Sanoh membre de ladite Association, ce qu’a subi Safiatou est un exemple parmi tant d’autres. Elle déplore cependant que malgré les multiples séances de sensibilisation qu’ils mènent sur le terrain : le mariage forcé, l’excision restent en ce 21ème siècle très pratiqué. Selon cette dernière, les deux fléaux ne concerneraient pas seulement les milieux ruraux, certaines filles des zones urbaines également ne sont pas épargnées. Actuellement, précise l’activiste : 3 cas sur 5 de leurs interventions sont souvent liés aux mariages forcés et à l’excision.

Une pratique regrette-t-elle qui va sûrement perdurer dans le temps, dans la mesure où les services de l’Etat, dit-elle, notamment le ministère de l’Action sociale ne jouent pas pleinement son rôle.

Il convient de rappeler que par rapport au mariage contracté : la loi guinéenne souligne qu’avant de donner éventuellement lieu à une célébration religieuse et/ou à des rites coutumiers, il faut qu’il y ait une publication des bans au moins dix jours à l’avance, et les futurs époux doivent fournir un acte de naissance et un certificat médical. La cérémonie se déroule en présence de deux témoins. Les conjoints doivent donner l’un et l’autre leur accord devant un officier d’état-civil, à la suite de quoi un certificat de mariage leur est remis.

En dépit de ces dispositions, la tradition a encore la peau dure dans certaines castes. Bien que le phénomène perdure, aucune étude importante sur le mariage forcé n’est disponible.

La limite entre mariage arrangé et mariage forcé peut s’avérer assez floue. Quelle que soit la manière dont naissent les unions, la famille joue un rôle primordial au cours du processus précédant le mariage. Si elle n’a pas elle-même trouvé le candidat, du moins lui reviendra-t-il systématiquement d’approuver le choix du conjoint potentiel. Un certain nombre de règles sévères régissent en outre les possibilités dans ce domaine, parmi lesquelles l’appartenance aux différentes castes fait figure de facteur déterminant. « Le mariage forcé touche principalement des mineures issues de familles attachées aux valeurs conservatrices, et dans lesquelles le niveau éducatif est faible. Il intervient fréquemment dans le cas de conjoints apparentés. Dans ce genre de contexte, les filles, qui ignorent tout de leurs droits en raison de leurs jeunes âges, n’envisagent pour elles-mêmes aucune autre possibilité de choix de vie. En outre, bien souvent, la future épouse a fait siennes les normes sociales qui lui imposent de se plier à la volonté familiale », a fait remarquer Kefing Condé, professeur d’anthropologie sociale à l’Université de Conakry.

Vivement que les services de l’Etat, les Organisations non gouvernementales  s’y mettent afin d’éviter que des adolescents soient toujours victimes de ces travers sociaux.

Affaire à suivre !

Richard TAMONE pour Guineequotidien.com

+224 664 44 47 21

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