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Les conflits fonciers continuent d’empoisonner la vie sociale en Guinée. Ils se traduisent souvent par la dépossession des populations locales, le déclin de l’agriculture, l’insécurité foncière freinant les investissements, et une exploitation non durable des terres, notamment dans les zones minières où l’extraction de la bauxite détruit les terres cultivables.
Ces tensions aggravent la pauvreté et l’instabilité sociale, dans un contexte marqué par l’absence de mécanismes efficaces de résolution des litiges et de reconnaissance des droits coutumiers.
C’est dans ce climat tendu qu’un nouveau conflit domanial secoue la préfecture de Dubréka, située dans la région de Kindia, à l’ouest de Conakry. Le jeune Aly Youla est actuellement activement recherché par la Gendarmerie, à la suite d’un différend foncier ayant dégénéré en affrontement communautaire, impliquant la cheffe du quartier Samattaran, Hadja Amie Soumah.
Selon les informations recueillies, les parents d’Aly Youla avaient acquis au début des années 2000 une parcelle de 25 mètres sur 20 à Samattaran. Pour en assurer la sécurité, ils avaient construit une clôture et confié la surveillance du domaine à un voisin. Le terrain, très convoité en raison de sa proximité avec la route nationale, faisait déjà l’objet de plusieurs convoitises.
À la mort du père de famille en septembre 2014, le domaine aurait été vendu une première fois à l’insu des héritiers. Après plusieurs mois de démarches, la famille est parvenue à récupérer la parcelle, grâce à l’implication de l’ancien chef de quartier, qui avait pris fait et cause pour eux.
En 2020, le terrain a de nouveau été morcelé en deux. Une partie aurait été vendue par Hadja Amie Soumah, actuelle cheffe de quartier, à une famille influente, représentée par Naby Laye Moussa Touré, un homme aux relations bien établies dans l’armée guinéenne.
Estimant avoir été lésée, la famille Youla a entrepris des travaux pour récupérer la totalité de sa propriété. Ces actions auraient provoqué la colère de la cheffe de quartier et de la famille acquéreuse, qui auraient réagi violemment.
Hadja Amie Soumah aurait publiquement juré de « régler personnellement » ce différend, qualifiant les démarches d’Aly Youla de « rébellion » et de « sabotage ». Peu après, la maison familiale aurait été attaquée et saccagée par un groupe d’individus non identifiés.
Ciblé et menacé, Aly Youla, représentant de la famille, a déposé une plainte restée sans suite. Craignant pour sa vie, il a pris la fuite fin 2021, traversant successivement le Mali, la Mauritanie, l’Algérie et la Tunisie, avant d’arriver en France en 2023, où il vit aujourd’hui en exil.
Fils de Kerfala Youla et de Fatoumata Soumah, le jeune homme sollicite désormais la protection des autorités françaises, affirmant craindre des représailles s’il revenait en Guinée.
Alhassane Bangoura
