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Opinion : « une virgule sur la migration irrégulière » (Par Doumbouya Mamadou)

  1. Bref aperçu sur le phénomène.

Notre regard sur la migration en qualité de sociologue, nous amène à passer en revue les différentes options dans l’appréhension de la « problématique de l’analyse transitionnelle considérée comme mobile d’échecs de la migration irrégulière des jeunes africains.

Aujourd’hui le phénomène de l’immigration s’africanise selon le contexte dans lequel l’on se place et selon qu’il est perçu dans un sens ou dans un autre.

La migration peut être considérée comme régulière, quand elle concerne soit les missions officielles, les bourses d’études, l’asile politique, les prestations de services de cadres passées entre deux Etats, les contrats réguliers de footballeurs et la situation des réfugiés de guerres et autres cas similaires.

Elle peut être considérée comme irrégulière, quand elle concerne les aventures, l’érection de résidences en dehors des pays d’origine sous le prétexte de recherche de vie meilleure. Cette problématique africaine préoccupe tous les gouvernements responsables et soucieux du devenir de leurs populations. A notre entendement et dans le contexte guinéen, le problème de migration doit être vu sous les angles politique, social et économique.

  1. Analyse du phénomène dans le contexte guinéen

La transition est le passage d’un état à un autre ou d’une situation à une autre. Les postulants à la migration irrégulière partent du postulat qui est le suivant : « On migre d’un Etat ou d’un lieu vers un autre pour changer sa situation ».

Autrement dit, améliorer les conditions de vie initiales que l’on trouve insatisfaisantes pour des conditions de vie jugées satisfaisantes en changeant de lieu de résidence qui nécessiterait un déplacement. Donc le passage d’un état initial insatisfaisant vers un autre état apparemment bon qu’on ne maitrise pas, nécessite une analyse approfondie, car le risque de réussir la nouvelle situation est élevée et possible tout comme elle est faible et impossible d’où la possibilité de procéder à une analyse transitionnelle.

Concernant la motivation des jeunes migrants guinéens, ils partent du principe qui stipule que « quitter la Guinée pour un autre pays est la solution envisagée pour changer leurs conditions de vie qu’ils jugent mauvaises ».

Comme l’indique cet adage, celui qui veut voyager loin doit bien ménager sa monture ; cela voudrait dire que les candidats à la migration doivent s’informer sur les conditions d’une migration réussie si l’on a choisi cette option.

Loin d’encourager la migration, si l’on s’engage pour celle-ci, il serait important de s’informer sur les canaux, les voies possibles et des conditions d’une migration réussie. En s’engageant dans cette voie, les postulants doivent s’informer auprès de ceux qui ont réussi dans leur migration en vue de mieux s’armer pour éviter au maximum possible des échecs qui peuvent être de diverses natures.

Le premier échec enregistré est lié au type d’itinéraire emprunté. Certains candidats à la migration se déplacent par avion et cet itinéraire exige un minimum de conditions à remplir et d’autres par la mer et par voie terrestre. Chaque itinéraire emprunté peut avoir des conséquences et des avantages. Le deuxième échec possible peut être lié aux raisons qui motivent la migration. La migration peut apporter à certains de la chance suivant la destinée de chacun, car la destinée est la situation imprévisible que subisse chaque individu indépendamment de tout calcul de probabilité et du savoir que l’on pourrait posséder, tandis que le destin est prévisible car, l’on sait que le soleil se lève toujours à l’Est et il se couche toujours à l’Ouest. C’est autant dire que l’on maitrise parfois le présent sans pour autant maitriser ce que l’on pourrait vivre après.

  1. Analyse des perceptions de la migration dans le contexte guinéen

Il sera question de passer en revue dans cette analyse les perceptions de la migration sous l’angle politique, social et économique.

 

A- Perceptions politiques de la migration : En considérant la migration sous l’angle politique, il est important de mettre en exergue les différentes orientations des gouvernants qui définissent la vision politique de l’Etat en tant que garants de la vie nationale, puisque la politique est l’expression de la vision du gouvernement dans le long terme dans un domaine. Il peut s’agir du domaine de l’éducation, de la jeunesse, économique etc.

La Guinée est réputée dans l’élaboration des différentes politiques touchant divers aspects de la vie nationale calquées sur des modèles et standards internationaux dont l’application fait défaut.

Les pouvoirs publics ont mandat de diriger et d’orienter les populations à travers les différentes politiques sectorielles. Certaines personnes ne se reconnaissant pas dans les politiques publiques ou ne se retrouvant pas dans l’exercice des orientations politiques les concernant sont tentées parfois de migrer vers d’autres cieux en empruntant des chemins qui sont souvent jonchés d’obstacles.

C’est l’irréalisation des réflexions poussées sur les tenants et les aboutissants de l’immigration qui amènent souvent les candidats à enregistrer des déboires.

A titre illustratif par exemple, vous voulez partir en France en empruntant soit la voie aérienne, terrestre ou marine, il est judicieux et conseillé de demander à ceux qui sont allés en France par le biais de ces voies citées précédemment.

Il sera alors très utile pour ces candidats de s’informer sur les différents problèmes liés aux chemins à parcourir pour mieux les éviter ou de les contourner.

B- Perceptions sociales de la migration : Les mœurs et coutumes dans les communautés guinéennes ont forces de coercition sur les individus. Les parents des migrants pensent et estiment que leurs enfants candidats à l’immigration sont leur porte bonheur et sont à la base d’un changement meilleur pour leur condition de vie.

Les pouvoirs traditionnels et coutumiers sont parfois détenus dans certaines localités par les parents des migrants qui ont changé de standing de vie et pèsent de tout leur poids dans les prises de décisions dans le développement communautaire.

Une fois que l’on réside à l’extérieur peut ou pourrait conférer à l’individu dans nos communautés un privilège social.

Les migrants ressortissants de nos localités sont parfois la convoitise de la plupart des familles voisines pour faire candidater leurs filles en mariage pour des causes inavouées. Ces derniers pensent que l’immigration est synonyme de fortune, de réussite.

Ils peuvent parfois refuser en mariage leurs filles aux candidats qui font des avances vivants sur place avec l’espoir que le migrant est le meilleur prétendant.

Dans les communautés, la plupart des vieilles personnes qui ont fait le pèlerinage ont leurs enfants vivants en dehors du pays, car les frais liés au pèlerinage ne sont pas à la portée de tout le monde. Et cet état de se faire appeler El hadj est une considération sociale prisée dans les sociétés et communautés.

C- Perceptions économiques de la migration : La quête du gain matériel et économique est devenue déterminante dans la vie sociale et influence de nos jours les rapports sociaux.

Ce gain détermine la position sociale de ces détenteurs et contribue parfois à agir négativement sur les enjeux d’un vrai développement communautaire.

C’est souvent à la recherche de cette notoriété sociale qui prédispose certains jeunes à s’aventurer. Aujourd’hui dans nos communautés rurales comme urbaines le constat est visible sur les modes de vie des parents des enfants migrants qui font un rapatriement important d’argents source d’épanouissement et de considération.

La possession du pouvoir économique étant la dernière instance, ceux qui le possèdent bénéficient d’une marque d’attention dans les communautés et influencent les rapports sociaux et mêmes certaines décisions dans le règlement des conflits et des dossiers de justice.

Egalement, il est signalé que les migrants ont contribué positivement à changer l’architecture villageoise dans leur communauté en important des styles de constructions citadines d’autres pays dans leurs localités.

En somme, la migration en soit n’est pas mauvaise, mais il est important de procéder à une réflexion poussée de la façon d’y faire face, car malgré ses bienfaits, celle irrégulière a endeuillé beaucoup de familles et a estompé des espoirs de beaucoup de familles et a fait beaucoup d’enfants orphelins et a causé des pertes énormes de braves valides capables d’apporter leur contribution au développement local et national dans les années à venir pour un pays en devenir.

 

DOUMBOUYA MAMADOU

Sociologue de l’environnement

Tel : (+224) 622 30 57 35 Conakry, République de Guinée

E-mail : doumbouya.expert@gmail.com

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