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Guinée/Kidnapping : Deux victimes confient leurs mésaventures

L’un a été enlevé le 25 janvier 2020. Après dit-il plusieurs intimidations, il a été jugé et relaxé pour faute de preuves. L’autre, déclare être kidnappé le 23 février de la même année, à l’en croire, c’est dans une clinique dans la préfecture de Forécariah qu’il s’était retrouvé après avoir abandonné par ses ravisseur.

Ils l’ont fait savoir à la maison de la presse, le vendredi dernier : « Ma mésaventure a commencé le dimanche 23 février 2020. Il faut noter que j’aie été arrêté dans le cadre de la préparation d’un grand meeting à Conakry où des étudiants avaient décidé d’organiser pour montrer à l’opinion nationale et internationale qu’ils ne partagent pas l’avis du changement de la Constitution et l’idée d’un troisième mandat du président de la République », a introduit le Responsable de la Coalition des étudiants leaders de Guinée, Mamadou Kalan Diallo.

 

Poursuivant, il rappelle que déjà le 22 février samedi qu’il aurait reçu un appel d’un numéro masqué : « ce dernier m’a intimidé avec des injures et des menaces d’arrestations. De peur d’être arrêté par des hommes inconnus, j’ai éteint mon téléphone et j’ai quitté mon domicile à Dixinn pour passer la nuit à Lambanyi. Le dimanche 23 février en rentrant à la maison, comme j’avais une rencontre avec certains étudiants de la coalition à Hamdallaye pharmacie, arrivée là dès que je suis descendu dans le taxi et lorsque j’ai traversé, c’est un pick-up blanc non immatriculé qui m’a coincé, mais j’ai pensé que c’est un taxi qui collait pour déposer un passager. J’ai reculé mais il a continué et c’est de là que des hommes en cagoulés sont descendus du pick-up, ils ont mis de cagoule sur moi et ils m’ont fait monté dans ce pick-up. Ils ont pris la direction de Bambeto, dans ledit pick-up j’ai trouvé trois à quatre jeunes, arrivé à Cité, un des jeunes kidnappés a su que nous allons vers Sagoya. Du coup ils ont commencé à nous rouiller des cous pour ne pas qu’on se rende compte de là où, on nous amène. Finalement ils nous ont laissé dans une cour où un calme régnait. Chacun de nous était dans une chambre », a expliqué l’étudiant.

Toujours selon lui, quelque temps après c’est un homme qui s’est présenté à lui pour l’auditionner, pendant qu’il avait les menottes en main.

« Il m’a dit qu’on nous accuse de former un coup d’Etat avec des partis politiques, qu’on doit à cet effet faire une déposition, afin qu’on vous dépose à Sôrôkoni. Mais je lui ai dit comment ils peuvent m’interroger avec la cagoule. Je l’ai dit au moins qu’il enlève la cagoule pour que je puisse le voir pour répondre. Ils ont enlevé la cagoule et passer à des interrogations. Ils m’ont intimidé afin que je puisse remplir le document, chose que je ne pouvais pas me permettre  parce que je ne connaissais rien. J’ai décidé de ne rien dire. Ils m’ont laissé menotter et arrêter de la journée de ce dimanche et toute la nuit du dimanche et lundi. C’est le lundi matin vers 9h qu’un monsieur est rentré en écoutant l’émission de grandes-gueules avec son téléphone. Il a dit petit aujourd’hui tu vas parler parce que tu dois remplir ces papiers et aujourd’hui on va te déposer à Kankan. Tout ça avec de grosses injures », précise-t-il.

Il s’en suit de torture dit-il, « ils ont commencé à me torturer, ils m’ont brûlé le dos. Après la conférence je vais vous montrer mon dos. Et pendant tout ce temps, je n’avais rien mangé et mardi ils reviennent, mais je ne pouvais plus m’arrêter sur les deux pieds. Il me parlait mais je ne pouvais plus maintenant relever ma tête. C’est vers la soirée du mardi que j’ai perdu la conscience. Peut-être ils avaient cru que je suis mort et c’est le lendemain mercredi 2- février que je me suis retrouvé dans une clinique à Forécariah. J’ai posé la question aux personnes qui étaient à côté de moi, ces dernières m’ont dit qu’ils m’ont ramassé au bord de la route, qu’ils pensaient que c’étaient un corps sans vie. La famille qui m’a envoyé à la clinique, c’est elle qui m’a aidé à être à Conakry. Depuis je mène ma convalescence à la maison. Je précise que mes bourreaux continuent à m’intimider à travers des appels masqués. « En me disant que comme je ne suis pas mort, qu’ils viendront me chercher », a-t-il conclu.

Pour rappel, ce dernier en compagnie de ses amis étudiants ont animée une conférence à la maison de la presse de Kipé, il y a trois semaines de cela       .

La deuxième victime, lui après sa mésaventure a retrouvé la liberté suite à un procès, il est le président de la jeunesse citoyenne : Abdourahamane Bella Bah. Il dit être kidnappé le 25 janvier 2020, suite à la  commémoration, dit-il, des victimes de camp Boiro. « Mon kidnapping était une sorte de film, deux pick-up sont venus garer puis deux gaillards m’attrapent l’un au cou pour ne pas dire un seul mot et l’autre qui tient ma main droite et l’autre celle de la gauche, puis ils me menottent et directement dans un pick-up et automatiquement ils ont mis une cagoule sur moi », explique-t-il.

Imaginer, ajoute-t-il, ce que tu peux ressentir en ce moment. « C’est une torture psychologique sans précédente. Jusqu’à présent, je ne sais pas où est-ce que j’ai été conduis dans un premier temps. Et c’est comme, on est en train d’arrêter des citoyens, beaucoup de parents ne savent pas où est-ce que leurs enfants ont été envoyé. Il faut se poser la question de savoir si un directeur de la police judiciaire peut se permettre de poser ce genre d’actes. C’est le moment d’interpeller les ONG de droits humains : Amnistie international, Human richt watch de ce qui se passe actuellement en Guinée ».

Il poursuit son récit en ces termes : « J’ai été conduis quelque part les mains et les pieds attachés de 11h jusqu’à 22h. C’est à cet heure qu’on m’a déplacé et envoyé quelque part, je ne sais où, c’est là, on m’a enlevé les menottes mais toujours cagoulé. Mais l’unique responsable c’est commissaire Fabou et son clan, ce n’est pas simplement lui, ce sont ses supérieurs qui ont pourtant la responsabilité de faire appliquer le droit. C’est toute la chaîne qui est en train de torturer les citoyens pour lesquels, ils ont l’obligation de protéger », accuse-t-il.

Finalement précise-t-il, il se retrouve devant le directeur central de la police judiciaire tard la nuit : « J’ai été conduis vers 22h chez Fabou et à la grande surprise, c’est un flic parce qu’il te sourit, c’est comme s’il ne connaissait même pas ce qui se passe. Alors qu’il est le père de tout ce qui est en train de se passer. Il connait tout ce qui se passe : kidnapping des  citoyens et qu’on conduit à des camps de concentration ».

 

Kataco Katom                   

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