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Les Gabonais votent pour adopter ou rejeter le projet de Constitution

848 000 Gabonais sont appelés à adopter ou rejeter par référendum le projet de constitution du pays. Les bureaux de vote ouvriront à 7h et fermeront à 18 heures. Le texte soumis à référendum consacre un régime présidentiel au détriment du régime semi-parlementaire en vigueur depuis des décennies. Il prévoit un mandat présidentiel de sept ans renouvelables une seule fois. Seuls les Gabonais âgés de 35 à 70 ans pourront être candidats à une élection présidentielle.

Les Gabonais se sont vus octroyés deux jours fériés et payés jeudi et vendredi pour regagner les bureaux de vote auxquels ils sont rattachés. Ce référendum se déroulant en période scolaire et en saison pluvieuse, le gouvernement a voulu faciliter les déplacements vers les régions afin de soutenir la participation.

Démarrée timidement, la campagne a finalement été bien animée, note notre correspondant à Libreville, Yves-Laurent Goma. Pendant 10 jours, les partisans du Oui ont sillonné tout le pays. Le premier ministre Raymond Ndong Sima s’est par exemple rendu à Port-Gentil et à Franceville, fief de la famille Bongo. Les partisans du texte défendent une constitution qui garantira, si elle est adoptée, l’alternance au pouvoir, grâce à une limitation stricte du nombre de mandats. Par ailleurs, avec l’instauration d’un régime présidentiel, le chef de l’État aura les coudées franches pour diriger le pays. La quasi-totalité des acteurs de la transition a choisi d’endosser ce texte, quitte à adapter certains points plus tard.

 

Brice Clotaire Oligui Nguema s’est défendu de tout projet « sur mesure », il le qualifie « d’émanation de la volonté du peuple gabonais exprimée à travers un processus inclusif et transparent ». Le comité de rédaction s’étant appuyé sur les recommandations du dialogue national d’avril, avant amendements par les autorités transitoires. Certaines dispositions sur l’éligibilité, le foncier, la succession à la tête de l’État, apparaissent comme une réaction aux dérives perçues de l’époque Bongo,mais le régime prévu est un présidentialisme renforcé.

 

 

 

Campagne importante sur les réseaux sociaux pour le camp du Non

De son côté, le camp du Non a animé quelques meetings, mais a surtout privilégié les réseaux sociaux pour faire passer son message. Menés par des chefs de file comme Pierre Claver Maganga Moussavou (ancien vice-président de la République), Albert Ondo Ossa (candidat lors de la dernière élection présidentielle) et Alain Claude Bilie-By-Nze (dernier Premier ministre d’Ali Bongo), les opposants à la Constitution dénoncent un texte qui restreint les conditions d’éligibilité à la présidence, et donc d’exclure certaines figures de la vie politique du pays. Ils contestent également l’instauration d’un régime présidentiel sans premier ministre, et un Parlement sans droit de censure. Bref, un texte qui vise selon leurs mots à installer un monarque à la tête du Gabon. Les leaders syndicaux de Dynamique unitaire comme Jean-Rémy Yama et Marcel Libama ont aussi appelé à voter Non.

 

Globalement, la campagne s’est déroulée dans le calme, sans incidents majeurs.

Le contenu du projet de Constitution soumis au vote

Selon la Constitution proposée, le président est le seul détenteur du pouvoir exécutif. Il sera accompagné de deux vice-présidents, dont un en charge de coordonner l’action du gouvernement. Le poste de Premier ministre disparaît. Les ministres ne sont donc pas responsables devant l’assemblée, mais devant le chef de l’État.

 

Celui-ci peut dissoudre l’Assemblée une fois au cours de son mandat, et pas dans les 24 premiers mois de la législature. Il peut être mis en accusation par deux tiers des parlementaires devant la Haute Cour de justice pour Haute trahison ou violation du serment. Dans le texte, le pouvoir judiciaire est indépendant, mais le chef de l’État préside le Conseil supérieur de la magistrature.

 

La limitation à deux septennats présidentiels est gravée dans le marbre, cette disposition est intangible. Il est aussi interdit au conjoint et aux descendants de briguer la succession du chef de l’État, référence évidente à l’histoire récente du pays.

 

Les conditions d’éligibilité à la présidence ont été débattues : il faut être né de parents gabonais dont un lui-même né de parents gabonais. L’époux doit aussi être gabonais né d’au moins un parent gabonais.

 

Le français est la langue de travail. La fête nationale du 17 août est complétée par une « fête de la libération », le 30 août. Le mariage est l’union entre deux personnes de sexe opposé. Une définition qui ne peut faire l’objet d’aucune révision.

 

Avec RFI 

 

 

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