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Cherté de loyers à Conakry : une aubaine pour les promoteurs immobiliers !

La Capitale guinéenne « Conakry » est devenue de nos jours l’une des plus chères en termes de loyers dans la sous-région ouest-africaine. Pendant ce temps, 55,2% des populations vivent au seuil de la pauvreté. Selon la Banque Mondiale, la Guinée a un PIB de 12,62 milliards de dollar en 2019 pour une population de 13,63 millions d’habitants. Ce secteur très juteux et sans contrôle fait aujourd’hui le bonheur des bailleurs au détriment du bas peuple.

 

Depuis plusieurs années, les prix des loyers flambent à Conakry. Ce secteur laissé pour contre et abandonné par l’Etat est une véritable chaine de business pour des promoteurs immobiliers et des propriétaires de maison sans fois, ni cœur, qui tirent leur profil dans la misère des pauvres citoyens. Pour se trouver un bon appartement de deux à trois pièces au centre-ville en location le prix varie entre 800 et 1000€ par mois. Un prix estimé très élevé par rapport à la plupart de ces types d’appartements en Europe.

Pour avoir une maison, il te faut passer par un groupe de vautours qui se font appeler ‘’démarcheurs’’. Ils sont le cerveau de l’augmentation de la plupart des maisons à Conakry. Cette bande d’arnaqueurs refuse de trouver de l’emploi, continue de vivre sur le dos du bas peuple comme des parasites. Pour le bien de la population, l’Etat doit mettre fin à cela ou soumettre à un règlement.

De nos jours, la plupart des cadres de l’Etat se sont tournés dans ce domaine pour blanchir leur argent. Très malins, ils se cachent derrière des projets de construction à travers des étrangers qui sont pour la plupart des libanais. Une manière pour eux de ne pas attirer l’attention de l’entourage en cas de pépin.

D’autres par contre préfèrent s’exposer au vu et au su de tous. Actuellement, à Conakry les bâtiments poussent de la terre comme des champions sans aucune norme sécuritaire et sanitaire avec des prix allant jusqu’à 4000€ par mois. Chaque année, le loyer est considérablement augmenté voire quasiment triplé. Mais, qui sont des personnes qui habitent ces bâtiments ? Le pauvre citoyen peut-il payer cette somme faramineux avec un salaire misérable de 1 millions 500 à 2 000 000fg ?

A prendre ou à laisser, la maison n’est pas la seule préoccupation des guinéens, les boutiques et magasins sont loués à de vil prix. Un véritable casse-tête pour bon nombre de citoyens qui vivent le jour en jour. Et, un impact considérable sur le prix des marchandises. Que fait le gouvernement pour régler le prix des loyers en Guinée, qui est aussi importants dans le développement socioéconomique d’un pays ?

Ils sont nombreux à chercher un toit dans la capitale Conakry depuis des années sans aucun résultat. Au même moment, le gouvernement du président Condé à travers le ministère de la ville et de l’Aménagement du Territoire continue de jeter des familles au dehors sous prétexte qu’ils occupent les domaines de l’Etat à Kipé, Koloma, Kakimbo, Demoudoula etc… sans aucune prise en charge.

A sa prise de pouvoir en 2010, le président Alpha Condé avait annoncé un vaste plan de construction des maisons sociales en vue de mettre fin au problème de logements jugés trop chers à Conakry. Mais, pour le moment cette annonce du chef de l’Etat semble rester feuille morte. Malgré la multiplication de la pose des premières pierres, le président guinéen a-t-il une chance pour concrétiser ses promesses à un mois de la fin de ces deux mandats ?

Sensé alléger la souffrance des Guinéens, la Direction Nationale du Patrimoine Bâti Public est une affaire de combine entre copain et copine. Une vraie mafia qui ne dit pas son nom. Pour avoir un appartement avec eux, il te faut être dans le cercle du pouvoir ou être recommandé par un haut cadre de l’Etat. Quel gâchis ?

Pour le moment, la question reste un véritable tabou pour beaucoup de locataires par crainte de se faire virer par le propriétaire de maison. Ce mécontentement qui continue d’augmenter risque-t-il d’exploser un jour ? En cette période de COVID-19 que feront des centaines de familles qui tirent le diable par la queue ?

Malgré le risque encouru, d’autres n’entendent pas baisser les bras, ni se laisser marcher dessus. Selon eux, « l’Etat doit prendre des mesures pour réglementer le prix du loyer en Guinée ». « Nous n’arrivons plus à supporter l’augmentation fantaisiste et sans aucune raison ». « Le bailleur augmente quand il veut, comme il veut et il tient le langage qu’il veut pour te dire de sortir si tu ne payes pas. Malheureusement, tu ne peux pas à t’hasarder à quitter car si tu quittes, les démarcheurs vont te montrer d’autres maisons avec le même loyer ou plus cher encore. Ce qui est paradoxale dans cette histoire. Ils vont te demander une avance sur le loyer de deux ans, de trois ou de quatre ans même. » Martèle notre interlocuteur.

D’autres continuent de prendre leur mal en patience pour ne pas se faire expulser par son bailleur, qui fait la loi à la place de l’Etat. Parfois avec la complicité de certains policiers et des gendarmes corrompus, ils te font sortir de la maison sans aucun préavis de 3 mois. Très souvent, en cas de plainte contre eux, tu perds le procès sans équivoque. Nonobstant, ces abus répétés, ils ne payent pas la taxe sur leurs incombes. Un véritable manque à gagner dans les caisses du trésor public.

Malgré des appels incessants de la part de la société civile guinéenne, aux députés et aux hommes politiques pour qu’une loi soit instaurée pour réglementer le prix des loyers trop chers en Guinée. Ils continuent à faire la sourde oreille aux vrais problèmes qui assaillent les Guinéens. Peut-on lutter contre les loyers trop chers en Guinée, quand on sait ce que ceux qui sont censés résoudre le problème sont eux-mêmes les propriétaires de la plupart des maisons ? Attendons de voir !

 

Moussa Traoré, journaliste et Analyste Politique

 

 

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