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Mise en place de l’AGUISER en Guinée : Dr Younoussa Koita explique la mission de son institution (entretien)

Dans le but de règlementer, coordonner, réaliser et suivre les actions de sécurité et de la prévention routière contre les accidents de la route en Guinée, le président de la République, prof Alpha Condé, a pris un décret le 31 janvier 2019, pour annoncer la création de l’Agence Guinéenne de Sécurité Routière (AGUISER).

Pour connaître la mission cette nouvelle agence qui doit  participer à la régulation du secteur de la sécurité routière en Guinée, notre rédaction a rencontré ce  jeudi, 22 avril 2021, le tout nouveau Directeur général, Dr Younoussa Koita.

Lisez.

Guineequotidien.com : Bonjour Monsieur le Directeur Général

Directeur Général : Bonjour

Monsieur le Directeur général, dites-nous c’est quoi L’AGUISER ?

C’est une structure qui relève du ministère des transports mais qui est transversale. Son rôle est transversal parce que l’agence repose sur 5 piliers : la gestion de la sécurité routière, la sécurité des routes et mobilité, la sécurité des véhicules, la sécurité des usagers de la route et les soins post-accidents. Les gens confondent souvent la sécurité routière à la police routière. Et, nous collaborons souvent avec la police et la gendarmerie sur un pilier de la sécurité routière. Ce pilier, c’est la sécurité des hommes. Il veille à ce que la réglementation soit appliquée. Par exemple, il détecte les délinquants de la circulation, les arrête et les sanctionne. Elles travaillent (police et gendarmerie) en relation avec nous parce que c’est nous qui coordonnons leur activité. Cela, en mettant la signalisation horizontale, verticale et les feux sémaphoriques en calibrant les dos-d’âne, en indiquant les points qui peuvent provoquer des accidents sur toutes les routes urbaines ou interurbaines. Dans le cadre de ses activités, la direction générale de l’AGUISER s’est dotée d’un PNSR (Plan National de Sécurité Routière), à travers un décret pris par le président de la République et qui donne les axes d’actions à mener sur le terrain.

De quel constat est parti le gouvernement pour créer cette agence ?

« En 2017, il y a eu un grave accident de la circulation à Yorocoguiyah (Dubréka), qui a entraîné la mort de plus de 30 personnes. Et, au vu de l’impact de cet accident sur la population guinéenne, le président de la République, prof Alpha Condé, a pris la décision d’organiser les Etats généraux de la sécurité routière. Mais, cela a trouvé qu’il a eu déjà des actions internationales qui ont été prises au niveau des Nations-Unies et de l’Union Africaine. Et, il a été recommandé à tous les Etats de mettre en place un organisme directeur de la sécurité routière. C’est dans ce cadre que nous avons pris toutes les dispositions administratives, techniques en vue de la création de l’Agence guinéenne de la sécurité Routière en Guinée. Dans le cadre de sa création, nous avons eu l’appui de l’Union Européenne à travers une étude qui s’inscrivait dans le cadre du PAST, qui est un programme relatif à la sécurité routière. Qui parle de transport routier, parle des routes. Donc, des infrastructures routières. Parce que sans infrastructures, il n’y a pas de transport routier. Le reste, c’est la réglementation et le suivi de la mise en application de la réglementation »

Est-ce qu’à ce jour, votre agence a déjà son budget de fonctionnement ?

Nous avons préparé un budget de fonctionnement et d’investissement qui est évalué à près de 33 milliards de francs guinéens, ce qui permettrait de nous installer parce qu’on n’est pas installé, on n’est pas équipé. Les moyens nous permettant d’aller sur le terrain n’existent pas pour le moment. Mais, nous avons l’espoir de les avoir afin de faire face à nos obligations vis-à-vis de la nation.

Vous savez, toutes les actions que nous menons sont liées à l’argent. Je ne tourne pas autour du pot, c’est lié à l’argent. Quand il n’y a pas d’argent, tu ne peux mener aucune activité. Aujourd’hui, nous sommes sans budget, sans aucun franc. Mon adjoint et moi, avons été nommés par décret présidentiel au mois de décembre. Nous sommes en train de nous battre pour mobiliser des ressources.

Nous constatons l’anarchie dans la circulation, des usagers de la route ne respectent pas les règles liées à la sécurité routière. Quelles sont les grandes actions que vous comptez mener sur le terrain si votre budget est débloqué ?

Nous avons beaucoup d’actions à mener mais, il faut un budget de fonctionnement. Si nous avons l’argent, nous n’allons pas tarder à faire face à la signalisation verticale. Ceci, parce que quand tu prends même la route de l’hôpital Ignace Deen, il y a beaucoup d’obstructions. Donc, il y a des embouteillages sur cette route. Qu’est-ce qu’il faut pour diminuer cela ? Il faut d’abord mettre des sens interdits. Donc, les bretelles qui mènent sur cette route ne doivent pas desservir celle de la corniche. Normalement, on doit mettre le sens interdit pour que les véhicules qui entrent par ces petites bretelles-là, ne rentrent pas. Les gens peuvent sortir par ces bretelles mais rentrer, ça crée des bouchons au niveau de cette artère. Donc, ces dispositions doivent être prises par nous en mettant des panneaux de signalisation. Nous sommes en train de voir comment mobiliser les ressources nécessaires auprès des bailleurs de fonds bilatéraux, pour que nous ayons des grues. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a des gens propriétaires de gros camions qui abandonnent leurs camions au milieu de la chaussée, obstruant la circulation. Ils ne mettent aucun triangle de signalisation pour empêcher des accidents. Il n’y pas longtemps, un taxi est entré sous un camion, parce que le camion était en panne et il n’y avait aucune signalisation. Donc, dans les meilleurs délais, en rapport avec les usagers de la route et les organisations socioprofessionnelles, nous allons prendre des dispositions pour que ces camions ne garent plus là où ils ne doivent pas.

Justement quelle forme de collaboration vous allez avoir avec la police ?

Nous travaillons toujours avec la police et la gendarmerie. Vous savez, la police est chargée de la réglementation en milieu urbain et la gendarmerie en milieu interurbain. Nous travaillerons avec ces deux corps, on va mettre en place un corps mixte chargé de veiller sur la circulation routière. Mais, le problème de circulation dans la ville de Conakry est lié à beaucoup de phénomènes. Il y a manque d’infrastructures routières, et celles qui existent ne sont pas entretenues.  C’est pourquoi, j’ai demandé une rencontre avec le directeur national de l’entretien routier, afin de procéder à l’entretien des carrefours où les feux de signalisation sont installés. Nous avons également ce qu’on appelle le comportement des usagers de la route. Il y en a qui pensent que la route c’est leurs domiciles donc ils garent comme ils veulent, ils ne respectent aucune réglementation, ils n’ont aucun respect pour les autres usagers de la route, c’est un problème. Le troisième, c’est que tout le monde est pressé de sorte que personne ne bouge. Qui va céder le passage à l’autre ? Donc, il y a ce problème qui se passe dans la circulation dans la ville de Conakry. C’est pourquoi, quand les moyens seront dégagés, nous allons nous étaler pour mettre la signalisation horizontale. C’est-à-dire le marquage du sol pour que ceux qui partent restent sur leur ligne ; ceux qui arrivent, restent sur leur ligne.

Est-ce que toutes ces actions que vous êtes en train d’énumérer seront précédées par une campagne de sensibilisation des usagers de la route ?

Nous avons effectivement dans notre programme des campagnes de sensibilisation par rapport à plusieurs sujets. Ces campagnes de sensibilisation vont concerner non seulement tous les usagers de la route, mais aussi les étudiants et les élèves par rapport à la traversée de la route, et au respect de la réglementation en vigueur. Nous avons réussi à collecter au moins 86 infractions au code de la route. Donc, nous allons envoyer ce nombre la semaine prochaine au gouvernement pour la prise d’un décret. Et, l’application de cette sanction reviendrait à l’Agence Guinéenne de la Sécurité Routière (AGUISER), à la police et à la gendarmerie.

Est-ce que vos actions seront exclusivement consacrées à Conakry ?

Non, l’AGUISER est une agence nationale. Donc, même dans les sous-préfectures où il y a au moins 10 motos, nous devons être représentés. Pourquoi ? Parce que nous avons besoin de collecter, de traiter et de diffuser toutes les données relatives aux accidents de la circulation routière. Personne ne respecte le code de conduite. Les rétroviseurs qui sont sur les motos sont enlevés par les conducteurs eux-mêmes. Ce qui veut dire que pour regarder derrière, ils sont obligés de tourner la tête. Et, le temps de tourner la tête pour voir celui qui vient, tu peux faire ou provoquer un accident parce que tu ne verras pas celui qui vient devant toi. Tous ceux qui vont enlever les rétroviseurs, vont être arrêtés.

Il y a un secteur qui suscite des réactions, c’est celui des auto-écoles. La plupart de ceux qui disent qu’ils ont suivi des formations, viennent tâtonner parfois sur la route. Un fait qui provoque sans doute des accidents de la circulation. Alors qu’est-ce que vous allez faire pour réglementer cet autre domaine ?

Vous savez, 80 à 90 pour cent des permis guinéens sont faux. Je le dis à haute et intelligible voix. Ceux qui doivent avoir des permis doivent passer par les auto-écoles mais, ces auto-écoles sont des sources de problèmes dans beaucoup de situations à Conakry. Nous allons discipliner les auto-écoles. Ne sera plus ouvert n’importe quelle auto-école. Il faut remplir les conditions. En rapport avec la direction nationale des transports terrestres, nous allons prendre des dispositions nécessaires pour discipliner ces auto-écoles. On va fermer beaucoup d’auto-écoles parce qu’il y en a qui se sont mis dans la danse avec un seul véhicule, ils veulent apprendre aux gens à tenir la direction. Tenir seulement la direction ne peut pas t’amener à avoir un permis, non !

Si toutefois votre budget est débloqué, dans les prochains mois, vous allez descendre sur le terrain. Quel appel avez-vous à lancer à la population guinéenne ?   

L’appel que je lance aux usagers de la route, c’est de respecter la réglementation. Il faut qu’ils considèrent le véhicule comme un danger, la route comme un danger, le conducteur comme un assassin. Parce que celui qui détient un faux permis, a un faux diplôme, a suivi une mauvaise formation, ou n’a même pas suivi de formation. Je voudrais lancer un appel à toute la population guinéenne : désormais, les dispositions vont être prises pour discipliner les gens dans la circulation. La fluidité dans la circulation est une chose mais, la discipline en est une autre.

Merci monsieur le Directeur général de l’AGUISER.

Merci à vous !

Entretien réalisé par Ibrahima Sory Camara

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