Accueil / Société / Marie Constance Béavogui, 1ère femme Dr en métallurgie en Guinée : Parcours exemplaire d’une Enseignante-Chercheure en Métallurgie

Marie Constance Béavogui, 1ère femme Dr en métallurgie en Guinée : Parcours exemplaire d’une Enseignante-Chercheure en Métallurgie

Une Experte passionnée dans la Métallurgie des Métaux Non Ferreux, Marie Constance Béavogui incarne le dévouement et la passion dans le domaine de la métallurgie des métaux non ferreux, en particulier la transformation de la bauxite en alumine. Son parcours académique et professionnel est une véritable source d’inspiration, témoignant de sa solide expérience dans l’enseignement supérieur et de sa capacité à mener des recherches novatrices.

Expériences Professionnelles

Depuis 2012, elle enseigne à l’Institut Supérieur des Mines et Géologie de Boké, où elle dispense des cours tels que « Introduction à la minéralurgie » et « Préparation des pierres ornementales ». Elle a également été Enseignante Homologue de 2010 à 2012. Constance a enrichi son expérience par des stages de perfectionnement à la Société Minière de Dinguiraye(SDM) et à la Compagnie des Bauxites de Guinée(CBG). Ces opportunités lui ont permis d’approfondir sa connaissance des réalités et des processus de traitement des minerais.

De 2018 à 2020, elle a exercé en qualité de chercheuse des recherches au Laboratoire de la Direction de Technologie de Rusal Friguia.

Depuis Décembre 2020, elle occupe le poste de Secrétaire Scientifique au Laboratoire de Recherche Appliquée en Géosciences et Environnement de l’Institut Supérieur des Mines et Géologie de Boké.

De Janvier à Avril 2023, elle a réalisé un stage de recherche doctorale au Laboratoire du Centre Européen de la Recherche et d’Enseignement des Géosciences de l’Environnement à Aix Provence, en France.

Prix et Distinctions

Marie Constance Béavogui a reçu le PRIX D’EXCELLENCE 2021 du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation pour sa contribution exceptionnelle dans la formation et la recherche en Traitement et Métallurgie. Elle a également été Boursière d’ACE PARTNER 2022-2023, un Réseau d’Excellence de recherche sur l’Activité Minière Responsable et le Développement.

Formation

Elle a complété son bac 1 et 2 en 2002-2004 au lycée Yimbaya à Conakry, en République de Guinée avant d’intégrer l’Institut Supérieur des Mines et Géologie de Boké ou elle a obtenu son diplôme d’ingénieur en 2009 en Traitement et Métallurgie.

De 2014 à 2018, elle a étudié à l’Université Nationale de la Technologie et de Recherche MISIS/Institut d’acier et alliages de Moscou, en Russie, dans le Département de Métallurgie, métaux précieux, rares et ferreux et non ferreux, où elle a effectué des études post-universitaires.

En Juillet 2023, elle a obtenu son Diplôme de fin de cycle doctoral à l’Université Fédérale d’Oural à Ekaterinbourg, en Russie. Sa spécialité est la Technologie des Matériaux, avec un parcours en « Métallurgie des métaux ferreux, non ferreux et des métaux rares« .

 Le thème de sa thèse portait sur « l’étude des possibilités d’améliorer l’extraction de l’alumine à partir de la bauxite guinéenne en utilisant différentes méthodes d’enrichissement de la matière première ».

Marie Constance Béavogui peut se vanter de de la publication de six (6) articles et d’un livre intitulé  » l’Extraction de l’Alumine des Bauxites Gibbsitiques : Aperçu Général.  Méthodes de Lixiviation de Quelques types Bauxites Guinéennes (Afrique de l’Ouest »). Elle a également participé à 5 conférences nationales et internationales ainsi qu’à un colloque international.

Son parcours académique et professionnel illustre son engagement indéfectible envers la science et sa volonté de contribuer au développement durable à travers ses recherches novatrices dans le domaine de la métallurgie.

‘’Mon voyage vers la Réussite : Une Histoire de Détermination’’

Quand j’ai posé les pieds en Fédération de Russie pour mes études à l’Université MISIS, le défi qui se dressait devant moi était immense. En tant que femme, je devais m’intégrer dans un domaine de recherche largement dominé par les hommes. Ce défi se reflétait également dans ma carrière dans l’enseignement supérieur. Partie sans aucun soutien financier, je ne disposais que de ma maigre bourse de 60 dollars, octroyée par la Guinée à ses étudiants à l’étranger. Les obstacles pour mener des recherches et me concentrer sur ma formation étaient nombreux. Les fins de mois étaient de plus en plus difficiles à joindre. Pourtant, je savais qu’il fallait continuer à travailler sans relâche, en me rappelant inlassablement que le travail acharné finit toujours par payer, quelle que soit la durée nécessaire.

Au-delà de ces difficultés, je devais également faire face à un climat rigoureux et à la nécessité de maîtriser la langue russe pour comprendre mes professeurs. Au bout de trois ans, des problèmes familiaux et de santé se sont manifestés. Étant déjà enceinte de mon premier enfant, j’ai dû subir deux interventions chirurgicales consécutives, lesquelles ont sérieusement affecté ma santé et m’ont empêchée de poursuivre mon parcours académique. J’ai dû retourner en Guinée, où j’ai été victime de mépris et de calomnies. Peu de personnes semblaient réellement intéressées par ce que je traversais, préférant me juger et considérer mon retrait comme un échec.

Pourtant, ma détermination envers la science n’a jamais faibli. Après deux ans passés en Guinée, j’ai décidé de m’inscrire à nouveau dans un autre établissement, où la formation était payante, et de repartir presque de zéro. Dans ces circonstances, je n’ai pas cédé au découragement ; j’ai accepté de tout recommencer et de progresser. Aujourd’hui, je suis fière d’atteindre la fin de ce cycle d’études et d’obtenir mon diplôme. Veuillez noter qu’à ma connaissance, je suis la première femme enseignante-chercheure docteure en Métallurgie en République de Guinée. J’ai toujours su que la fin d’une chose vaut mieux que son commencement.

Je souhaite conclure en adressant un message spécial aux femmes qui font face à des défis similaires. Bien sûr, nous avons la responsabilité de prendre soin de nos foyers, mais cela ne doit jamais entraver notre épanouissement professionnel. Peu importe combien de fois vous tombez, l’essentiel est de se relever et de poursuivre ses objectifs. Cette résilience est une force que nous devons incarner. Ne sous-estimez jamais vos capacités intellectuelles et ne tolérez pas la marginalisation. Nous sommes capables et nous pouvons être des actrices du changement. Je vous encourage à ne jamais abandonner votre carrière professionnelle.

Je saisis l’occasion pour exprimer ma profonde gratitude envers toutes les personnes qui m’ont apporté leur soutien tout au long de mon parcours, car elles ont été une source d’inspiration inestimable. Tout d’abord, je rends grâce au Tout-Puissant, créateur des cieux et de la terre, le maître des temps et des circonstances, pour m’avoir guidé à travers cette aventure.

Je tiens à remercier chaleureusement la nation guinéenne, en particulier le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, dirigé par Dr. Diaka Sidibé, pour leur soutien financier. Ce soutien a renforcé ma détermination à réussir.

Je n’oublie pas l’Institut Supérieur des Mines et Géologie de Boké (ISMGB) qui m’a formée, m’a employée et m’a offert l’opportunité de poursuivre cette formation doctorale par un soutien financier et moral, ainsi qu’ACE-PARTNER à travers ses réseaux d’excellence pour la recherche.

Je souhaite exprimer ma sincère gratitude envers l’équipe du CEREGE pour leur accueil, en particulier à mon dynamique et vigilant co-directeur, Clément Levard, ainsi qu’à l’équipe Environnement Durable pour leur contribution essentielle à la réussite de mon parcours.

Un grand merci à mes professeurs pour leur ouverture d’esprit, leur disponibilité, leur sincérité envers mon travail, leur rigueur et leur franchise, ainsi que pour tout l’encouragement qu’ils m’ont prodigué, à tous ses laboratoires fréquentés Rusal Friguia et CBG avec leurs personnels très compétents.

Enfin, je suis profondément reconnaissante envers la direction générale de l’Université Fédérale d’Oural à Ekaterinbourg, en particulier le département de Métallurgie des métaux ferreux et non ferreux. À mon chef de département et à mon aimable encadrante, le Professeur Loginova Irina Viktorovna, je dis un immense merci à mes parents. Votre soutien a été précieux pour mon succès.

Cette femme courageuse avec un cœur de fer dans un corps diorite résistible à tout environnement, est l’une des rares de sa génération en Guinée surtout à percer dans le domaine minier très  compliqué et souvent réservé aux hommes.

 

Par Ben Oumar Sylla

 

 

A propos guiquo-admin

Check Also

Liberté de la presse: RSF constitue un réseau de défense des journalistes ouest-africains

Formé d’avocats, le réseau est devenu nécessaire, selon RSF, dans un contexte de recrudescence des …

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *