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ARCHIVE - L'explosion démographique en Afrique subsaharienne suscite l'inquiétude des décideurs à l'intérieur comme à l'extérieur du continent africain, notamment en Europe. Photo: Henry Wasswa/dpa

Étude : La protection sociale impacte l’évolution démographique

L’explosion démographique en Afrique subsaharienne suscite l’inquiétude des décideurs à l’intérieur comme à l’extérieur du continent africain, notamment en Europe.

 

Par Elyes Jouini

 

La mise en place de mesures de protection sociale permettrait de ralentir la croissance démographique galopante en Afrique subsaharienne, selon les résultats d’une étude réalisée par l’Institut berlinois pour la population et le développement. L’étude intitulée « La protection sociale tout au long de la vie : comment les systèmes de protection sociale facilitent le changement démographique » est commandée par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement (BMZ).

 

Ces systèmes comprennent, entre autres, les transferts monétaires et les régimes de retraite et d’assurance maladie, précise-t-on. Environ 14 pour cent de la population africaine subsaharienne bénéficient d’au moins une mesure de protection sociale. Ce faible taux est dû au fait que la majorité de la population travaille dans le secteur informel et ne paie pas d’impôts, d’après l’étude.

 

Grâce à des mesures de protection sociale « de base » comme les transferts monétaires, les filles, issues de ménages pauvres, restent à l’école « plus longtemps », et échappent ainsi aux mariages et aux grossesses précoces, explique-t-on, ajoutant que, généralement, les jeunes femmes ayant achevé leur enseignement se marient tard et ont moins d’enfants. L’explosion démographique en Afrique est attribuée, notamment, au mariage d’enfants : une jeune femme africaine sur trois, est mariée pendant son enfance (avant l’âge de 18 ans). Ce taux est de 75 pour cent au Niger, qui détient le taux de croissance démographique le plus élevé au monde (3,8 pour cent).

 

Baisse des taux de fécondité en Afrique australe

L’étude relève, en outre, que dans les pays africains où la malnutrition et l’insécurité alimentaire sont responsables du non scolarisation et d’abandon scolaire précoce, les repas scolaires gratuits permettent aux enfants d’assister plus régulièrement aux cours et d’apprendre mieux. Par ailleurs, les personnes qui reçoivent une pension ont plus de chances d’avoir des familles moins nombreuses, car elles dépendent moins de leurs enfants pour subvenir à leurs besoins pendant la vieillesse.

 

À cet égard, l’étude cite, entre autres, l’exemple de Zanzibar où une pension de base universelle permet aux personnes âgées de ne plus dépendre de la présence d’un grand nombre d’enfants et de petits-enfants pour subvenir à leurs besoins. « Tous ces facteurs contribuent à la baisse des taux de fécondité et à l’avancement du changement démographique », selon Catherina Hinz, directrice exécutive de l’Institut berlinois pour la population et le développement.

 

Par rapport au reste de l’Afrique subsaharienne, les taux de fécondité ont baissé de manière plus significative en Afrique australe, où les femmes ne donnent plus naissance qu’à 2,5 enfants en moyenne, constate l’étude. Le taux de fécondité en Afrique subsaharienne est actuellement de 4,6 enfants par femme en moyenne, contre 2,3 au niveau mondial, d’après l’édition 2022, du « World Population Prospects » de l’Organisation des Nation unies (ONU). C’est le Niger affiche le taux de fécondité le plus élevé dans le monde avec 7,5 enfants par femme.

 

Inquiétude des décideurs

Avec 1,4 milliard d’habitants, l’Afrique est, aujourd’hui, le deuxième continent le plus peuplé de la planète, après l’Asie. En raison de sa croissance démographique explosive, la population africaine devrait passer à 2,5 milliards en 2050, selon les projections démographiques de l’ONU.

 

Cette situation suscite l’inquiétude des décideurs à l’intérieur comme à l’extérieur du continent africain notamment en Europe, destination principale de migrants irréguliers africains qui fuient leurs pays d’origine à cause de l’absence d’opportunités économiques. Elle « rend plus difficile la garantie des services sociaux essentiels » dont le logement, les transports, les soins de santé, la sécurité, l’éducation et l’approvisionnement en produits vivriers, avait prévenu la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (UNECA).

 

Créé en 2000, l’Institut berlinois pour la population et le développement est un groupe de réflexion allemand indépendant qui se consacre aux questions de changements démographiques régionaux et mondiaux. Il a pour mission de sensibiliser au changement démographique, de promouvoir le développement durable, et de développer des concepts afin de résoudre les problèmes de politique démographique et de développement.

 

Avec dpa-news

 

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