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Coup d’Etat au Mali : comprendre la situation

Le président intérimaire Bah Ndaw et le premier ministre Moctar Ouane restent en détention au camp militaire de Kati. Voici ce que vous devez savoir pour comprendre la situation.

Des élections sont toujours promises pour l’année prochaine, mais au Mali, il est clair une fois de plus que les civils ne sont pas aux commandes.

« Je pense que dès lors qu’on a le président et le Premier ministre, fussent-ils d’un gouvernement de transition, qui se font arrêter et se font conduire de force dans un camp militaire, je pense qu’on peut parler au minimum d’une tentative de coup d’Etat », affirme Gilles Yabi, coordonnateur du think tank ouest-africain WATHI, à la BBC.

Pourquoi le président et le Premier ministre ont-ils été arrêtés ?

Lundi, le président de la transition, Bah Ndaw, et son Premier ministre, Moctar Ouane, ont été arrêtés et conduits au camp militaire de Kati par des militaires.

Cette arrestation serait due à la composition du nouveau gouvernement dont la liste venait d’être publiée. En plus, la junte dit qu’elle aurait dû être consultée.

En effet, deux ténors de l’ex-junte qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keita en août 2020 ont été démis de leur fonctions ministérielles.

Il s’agit du colonel Sadio Gassama, ancien ministre de Défense, et du colonel Modibo Koné, ancien ministre de la Sécurité et de la Protection civile.

Deuxième coup d’état en 9 mois

La junte a haussé le ton mardi.

Un conseiller spécial du vice-président de la transition, Assimi Goita, annonce dans une déclaration sur l’ORTM que les deux dirigeants de la transition « ont été mis hors de leurs prérogatives ».

« Suite à une crise de plusieurs mois au plan national prenant en compte des grèves et manifestations diverses des acteurs sociaux et politiques, le gouvernement dirigé par Monsieur Moctar Ouane, s’est montré incapable de constituer un interlocuteur fiable, susceptible de mobiliser la confiance des partenaires sociaux », indique le communiqué du colonel Assimi Goïta.

Selon le chef de la junte qui avait renversé le president Ibrahim Boubacar Keita en août 2020, une telle démarche témoigne d’une volonté manifeste du président de la transition et du premier ministre d’aller vers une violation de la charte de transition, contrairement au serment prêté lors de son investiture le 25 septembre 2020.

« Nonobstant les interpellations et négociations diverses engagées par le vice-président auprès des chefs d’Etat de la sous-région et de certaines chancelleries présentes au Mali en vue d’amener le Président de la transition et le premier ministre à respecter les prescriptions de la charte de transition, ceux-ci sont restés persistants dans leur posture », poursuit-il.

Qui est à la tête du pays maintenant ?

La situation reste confuse à Bamako. Il semblerait que le colonel Assimi Goita, vice-président de la transition, reste encore l’homme fort du Mali.

Ni le président de la transition, Bah N’daw, ni le Premier ministre Moctar Ouane n’ont fait de déclarations publiques depuis leur arrestation.

Chef du Bataillon autonome des forces spéciales de l’armée malienne, le colonel Goita a fait ses armes dans le centre du pays où il a combattu les djihadistes.

Il sera nommé en novembre 2015 au poste de coordinateur des opérations spéciales au ministère de la Défense.

C’est bien lui qui a mené le coup d’État en août 2020 et qui à la suite de la pression internationale, a été contraint de mettre en place un gouvernement de transition.

Efforts régionaux de médiation

Pour s’enquérir de la situation, la Cedeao dépêche un envoyé spécial à Bamako. Goodluck Jonathan est à Bamako depuis mardi.

L’ancien président du Nigéria appelle la classe politique à la retenue et à la concertation. Mercredi, il devrait rencontrer le président et le Premier ministre détenus.

« Nous sommes ici parce que la CEDEAO est inquiète de la situation. Et, en tant qu’organe de médiation, nous devons venir écouter le peuple pour voir ce qui s’est passé », dit-il.

L’envoyé spécial de la Cedeao précise qu’il ne peut pas en dire plus tant qu’il n’a pas discuté avec tous les acteurs.

Les récents événements au Tchad ont-ils eu une influence ?

Gilles Yabi, l’analyste politique, se montre prudent.

« Il faut être dans la tête de ceux qui sont derrière ce nouveau coup de force pour savoir s’ils ont été influencés ou pas par la récente prise de pouvoir par des militaires au Tchad. Je pense qu’il y a eu des coups d’Etat au Mali avant le dernier coup d’Etat au Tchad », dit Yabi.

Néanmoins, l’analyste pense que les signaux donnés par la communauté internationale sont « extrêmement préoccupants ».

« Je pense que ce qui s’est passé au Tchad, le fait que l’Union africaine n’ait même pas osé prendre des sanctions symboliques après cette prise du pouvoir par le fils du défunt maréchal Deby, est un mauvais signal donné évidemment à maints acteurs militaires sur le continent », réagit-il.

Menaces de sanctions

Le président français Emmanuel Macron, affirme que l’Union européenne imposera des sanctions aux personnes qui, au Mali, sont à l’origine de l’arrestation du président et du Premier ministre de la transition.

Emmanuel Macron s’exprimait à l’issue d’un sommet européen mardi.

Il qualifie d’inacceptable ce qu’il appelle un « coup d’État dans le coup d’État. »

« Dans les heures qui viennent, nous sommes prêts à prendre des sanctions ciblées contre ceux qui y participent », annonce le président Macron.

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